Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/527

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Et jusque-là pas un mot de la part de Mlle Habert, mais, pendant son silence, sa confusion se passait ; l’amour reprenait le dessus, et la débarrassait de tous ces petits mouvements qui l’avaient d’abord déconcertée : Et il n’en sera ni plus ni moins, dit-elle en s’assoyant courageusement.

Savez-vous, lui dit un de nos témoins, l’ami de l’hôtesse, ce que M. Doucin va dire à Mme d’Alain ? (C’était le nom de notre hôtesse.) Oui, monsieur, lui répondit-elle, je m’en doute, mais je ne m’en soucie guère.

C’est un fort honnête homme, un saint homme que M. Doucin, au moins, dit la malicieuse Agathe ; c’est le confesseur de ma tante. Hé bien ! mademoiselle, je le connais mieux que vous, dit ma future, mais il n’est pas question de sa sainteté ; on le canonisera s’il est si saint. Qu’est-ce que cela fait ici ?

Oh ! ce que j’en dis, reprit la petite friponne, n’est que pour montrer l’estime que nous avons pour lui ; car du reste, je n’en parle pas : ce ne sont point mes affaires. Je suis fâchée de ce qu’il ne se comporte pas à votre fantaisie : mais il faut croire que c’est apparemment pour votre bien ; car il est si prudent !

À ces mots, la mère rentra. Vous revenez sans M. Doucin ? dit notre témoin ; je pensais qu’il souperait avec nous.

Oui, souper ! répondit Mme d’Alain ; vraiment, il est bien question de cela ! Allons, allons, il n’y