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Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/59

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Miran, et peut-être aussi mon amour pour Valville, m’ôtaient la force de parler, me liaient la langue.

Ainsi il se passa un petit intervalle de temps sans que nous ouvrissions la bouche, Valville et moi.

À la fin, ce fut lui qui prit le premier son parti, bien moins pour répondre que pour prononcer quelques mots qui figurassent, qui tinssent lieu d’une réponse. Car il n’en avait point de déterminée, et ne savait ce qu’il allait dire, mais il fallait bien un peu remplir ce vide étonnant que faisait notre silence.

Oui-da, ma mère, il est vrai, vous avez raison, il n’y a rien de plus aisé ; oui, à la campagne, quand on voudra, il n’y aura qu’à voir.

Comment ! que dites-vous ? Il n’y aura qu’à voir ? reprit Mme de Miran, d’un ton qui signifiait : Où sommes-nous, Valville ? Êtes-vous distrait ? Avez-vous entendu ce que j’ai dit ? Que faut-il donc voir ? Est-ce que tout n’est pas vu ?

Non, madame, répondis-je alors à mon tour en soupirant, non. La bonté que vous avez de m’aimer vous ferme les yeux sur les raisons qui doivent absolument rompre ce mariage ; et je vous conjure par tous les bienfaits dont vous m’avez comblée ; par la reconnaissance éternelle que j’en aurai, par tout l’intérêt que vous prenez aux avantages de monsieur votre fils, de ne le plus presser là-dessus, et d’abandonner ce projet.

Eh ! d’où vient donc, petite fille ? s’écria-t-elle avec colère : car il s’en fallut peu alors qu’elle ne me