Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/70

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vous sachiez, et que tout le monde sache. Madame, il ne me conviendrait pas qu’on s’y trompât, et je vais vous rapporter tout dans la plus exacte vérité. M. de Valville, pour la première fois de sa vie, me vit ici le jour où je m’évanouis en faisant mes adieux à ma mère ; vous eûtes la bonté de me secourir, il vous y aida lui-même, et j’entrai dans le couvent avec mademoiselle, que je venais de connaître, qui devint mon amie, mais qui ne me parla ni de vous ni de M. de Valville ni ne m’apprit en quels termes elle en était avec lui.

Je le sais, mademoiselle, dit alors Mme de Miran en l’interrompant : Marianne vient de m’instruire, et vous a rendu toute la justice que vous pouvez exiger là-dessus. Mon fils vint vous voir, vous fit des compliments de ma part, vous laissa une lettre en vous quittant, et vous fit accroire que je l’avais chargé de vous la remettre ; vous ne pouviez pas deviner ; toute autre que vous l’aurait prise ; et puis, vous n’en avez pas fait un mystère, vous l’avez montrée à mademoiselle dès que vous avez su qu’elle y était intéressée ; ainsi je ne vois rien qui doive vous inquiéter. Si mon fils vous a trouvée aimable, et s’il a osé vous le dire, ce n’est pas votre faute ; vous n’y avez contribué que par les grâces d’une figure que vous ne pouviez pas vous empêcher d’avoir, et vous n’êtes pour rien dans tout cela, suivant le rapport même de Marianne.

Ce rapport-là lui fait bien de l’honneur ; toute autre à sa place ne m’aurait peut-être pas traitée si doucement,