Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1825, tome 7.djvu/71

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repartit alors Mlle Varthon avec des yeux prêts à pleurer, malgré qu’elle en eût ; et ce qui me reste à vous dire, c’est que vous ayez la bonté d’engager M. de Valville à ne plus essayer de me revoir ; il le tenterait inutilement, et ce serait me manquer d’égards.

Vous avez raison, mademoiselle, reprit ma mère ; il ne serait pas excusable, et je l’avertirai. Ce n’est pas que dans la conjoncture présente je ne fusse la première à souhaiter une alliance comme la vôtre, elle nous honorerait beaucoup assurément ; mais mon fils ne la mérite pas, son caractère inconstant m’épouvanterait ; et quand il serait assez heureux pour vous plaire, en vérité, j’aurais peur, en vous le donnant, de vous faire un très mauvais présent. Rassurez-vous sur ses visites, au reste ; il saura combien elles vous offenseraient, et j’espère que vous n’aurez point à vous plaindre.

Pour toute réponse Mlle Varthon fit une révérence, et se retira.

Elle s’imagina peut-être que j’estimerais beaucoup cette résolution qu’elle paraissait prendre de ne plus voir Valville, et que je la regarderais comme une preuve de la reconnaissance qu’elle m’avait promise ; mais point du tout. Je ne m’y trompai point : ce n’était-là que feindre de la reconnaissance, et non pas en prouver.

Que risquait-elle à refuser de voir Valville au couvent ? N’avait-elle pas la maison de Mme de Kilnare pour ressource ? Valville n’était-il pas des amis de cette