Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1827, tome 8.djvu/106

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peu de confusion à l’estime orgueilleuse que je prenais pour moi. J’étais charmé qu’on m’offrît, mais je rougissais de prendre ; l’un me paraissait flatteur, et l’autre bas.

À la fin pourtant, dans l’étourdissement où j’étais, je cédai aux instances qu’elle me faisait, et après lui avoir dit deux ou trois fois : Mais, madame, mais, ma maîtresse, je vous coûterais trop, ce n’est pas la peine d’acheter mon cœur, il est tout payé, puisque je vous le donne pour rien, à quoi bon cet argent ? à la fin, dis-je, je pris.

Au reste, dit-elle en fermant le petit coffre, nous n’irons dans l’endroit que je t’indique que pour empêcher qu’on ne cause ; mon cher enfant, tu m’y verras avec plus de liberté, mais avec autant de sagesse qu’ici, au moins ; entends-tu, la Vallée ? Je t’en prie, n’abuse point de ce que je fais pour toi, je n’y entends point finesse.

Hélas ! lui dis-je, je ne suis pas plus fin que vous non plus ; j’y vais tout bonnement pour avoir le plaisir d’être avec vous, d’aimer votre personne à mon aise, voilà tout ; car au surplus, je n’ai envie de