Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1827, tome 8.djvu/105

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sur les cinq heures du soir, la Vallée ? J’aurai vu la Remy, et toutes mes mesures seront prises.

Eh pardi ! lui dis-je, je n’y manquerai pas ; je suis seulement fâché que ce ne soit pas tout à l’heure ; eh ! dites-moi, ma bonne et chère dame, il n’y aura donc point, comme ici, de femme de chambre qui nous écoute, et qui m’empêche d’avoir les papiers ?

Eh ! vraiment non ! me dit-elle en riant, et nous parlerons tout aussi haut qu’il nous plaira ; mais je fais une réflexion. Il y a loin de chez toi à ce faubourg ; tu auras besoin de voitures pour y venir, et ce serait une dépense qui t’incommoderait.

Bon ! bon ! lui dis-je, cette dépense, il n’y aura que mes jambes qui la feront, ne vous embarrassez pas. Non, mon fils, me dit-elle en se levant, il y a trop loin, et cela te fatiguerait. Et en tenant ce discours, elle ouvrit un petit coffret, d’où elle tira une bourse assez simple, mais assez pleine.

Tiens, mon enfant, ajouta-t-elle, voilà de quoi payer tes carrosses ; quand cela sera fini, je t’en donnerai d’autres.

Eh mais ! ma belle maîtresse, lui dis-je, gonflé d’amour-propre, et tout ébloui de mon mérite, arrêtez-vous donc, votre bourse me fait honte.

Et ce qui est de plaisant, c’est que je disais vrai ; oui, malgré la vanité que j’avais, il se mêlait un