Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1827, tome 8.djvu/11

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et l’empêchèrent de continuer.

Je pleurai moi-même, au lieu de lui dire : Consolez-vous ; je lui rendis les larmes qu’elle versait pour moi ; elle en pleura encore davantage pour me récompenser de ce que je pleurais ; et comme Mme d’Alain était une si bonne femme, que tout ce qui pleurait avait raison avec elle, nous la gagnâmes sur-le-champ, et ce fut le prêtre qui eut tort.

Eh doucement donc, ma chère amie ! dit-elle à Mlle Habert en allant à elle. Eh mon Dieu ! que je suis mortifiée de n’avoir pas su tout ce que vous me dites ! Allons, monsieur de la Vallée, bon courage, mon enfant ! venez m’aider à consoler cette chère demoiselle qui se tourmente pour deux mots que j’ai véritablement lâchés à la légère ; mais que voulez-vous, je ne devinais pas ; on entend un prêtre qui parle, et qui dit que c’est dommage qu’on se marie à vous ; dame, je l’ai cru, moi. On ne va pas s’imaginer qu’il a ses petites raisons pour être si scandalisé. Pour ce qui est d’aimer qu’on lui donne, oh ! je n’en doute pas ; c’est de la bougie, c’est du café, c’est du sucre. Oui, oui, j’ai une de mes amies qui est dans la grande dévotion, qui lui envoie de tout cela ; je m’en ressouviens à cette heure que vous en touchez