Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1827, tome 8.djvu/12

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un mot ; vous lui en donniez aussi, et voilà ce qui en est ; faites comme moi, je parle de Dieu tant qu’on veut, mais je ne donne rien ; ils sont trois ou quatre de sa robe qui fréquentent ici, je les reçois bien : bonjour, monsieur, bonjour, madame ; on prend du thé, quelquefois on dîne ; la reprise de quadrille ensuite, un petit mot d’édification par-ci par-là, et puis je suis votre servante ; aussi, que je me marie vingt fois au lieu d’une, je n’ai pas peur qu’ils s’en mettent en peine. Au surplus, ma chère amie, consolez-vous, vous n’êtes pas mineure, et c’est bien fait d’épouser M. de la Vallée, si ce n’est pas cette nuit ce sera l’autre, et ce n’est qu’une nuit de perdue. Je vous soutiendrai, moi, laissez-moi faire. Comment donc, un homme sans qui vous seriez morte ! Eh pardi ! il n’y aurait pas de conscience ! Oh ! il sera votre mari ; je serais la première à vous blâmer s’il ne l’était pas.

Elle en était là quand nous entendîmes monter la cuisinière de Mlle Habert (car celle de Mme d’Alain