Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1827, tome 8.djvu/152

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j’y serai après-demain. Allez, me dit-il à moi, je parlerai à Mme de Fécour.

La jeune dame le salua profondément sans rien répliquer ; l’autre femme la suivit, et moi de même, et nous sortîmes tous trois ; mais du ton dont notre homme nous congédia, je désespérai que mon action pût servir de quelque chose au mari de la jeune dame, et je vis bien à sa mine qu’elle n’en augurait pas une meilleure réussite.

Mais voici qui va vous surprendre : un de ces messieurs qui étaient avec M. de Fécour sortit un moment après nous.

Nous nous étions arrêtés, la jeune dame et moi, sur l’escalier, où elle me remerciait de ce que je venais de faire pour elle, et m’en marquait une reconnaissance dont je la voyais réellement pénétrée.

L’autre dame, qu’elle nommait sa mère, joignait ses remerciements aux siens, et je présentais la main à la fille pour l’aider à descendre (car j’avais déjà appris cette petite politesse, et on se fait honneur de ce qu’on sait), quand nous vîmes venir à nous celui de ces messieurs dont je vous ai parlé, et qui s’approchant de la jeune dame : Ne dînez-vous pas à Versailles avant que de vous en retourner, madame ? lui dit-il en bredouillant et d’un ton brusque.

Oui, monsieur, répondit-elle. Eh bien ! reprit-il, après votre dîner, venez me trouver à telle auberge où je vais ; je serais bien aise de vous parler, n’y manquez pas. Venez-y aussi, vous, me dit-il, et à la même heure, vous n’en serez pas fâché, entendez-