Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1827, tome 8.djvu/153

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vous ? Adieu, bonjour ! Et puis il passa son chemin.

Or, ce gros et petit homme, car il était l’un et l’autre, aussi bien que bredouilleur, était celui dont j’avais été le moins mécontent chez M. de Fécour, celui dont la contenance m’avait paru la moins fâcheuse : il est bon de remarquer cela chemin faisant.

Soupçonnez-vous ce qu’il nous veut ? me dit la jeune dame. Non, madame, lui répondis-je ; je ne sais pas même qui il est ; voilà la première fois de ma vie que je le vois.

Nous arrivâmes au bas de l’escalier en nous entretenant ainsi, et j’allais à regret prendre congé d’elle ; mais au premier signe que j’en donnai : Puisque vous et ma fille devez vous rendre tantôt au même endroit, ne nous quittez pas, monsieur, me dit la mère, et faites-nous l’honneur de venir dîner avec nous ; aussi bien, après le service que vous avez tâché de nous rendre, serions-nous mortifiées de ne connaître qu’en passant un aussi honnête homme que vous.

M’inviter à cette partie, c’était deviner mes désirs. Cette jeune dame avait un charme secret qui me retenait auprès d’elle, mais je ne croyais que l’estimer, la plaindre, et m’intéresser à ce qui la regardait.

D’ailleurs, j’avais eu un bon procédé pour elle, et on se plaît avec les gens dont on vient de mériter la reconnaissance. Voilà bonnement tout ce que je comprenais au plaisir que j’avais à la voir ; car pour