Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1827, tome 8.djvu/17

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avec des yeux qui me répétaient : Quel tort il nous fait ! mais qui le répétaient le plus chrétiennement que cela se pouvait, vu l’amour dont ils étaient pleins, et vu la difficulté d’ajuster tant d’amour avec la modestie.

Va-t’en, me dit-elle toujours tout bas et en ajoutant un soupir à ces mots, va-t’en, il ne nous est pas encore permis de nous attendrir tant ; il est vrai que nous devions être mariés cette nuit, mais nous ne le serons pas, la Vallée, ce n’est que pour demain. Va-t’en donc.

Cathos alors avait le dos tourné, et je profitai de ce moment pour lui baiser la main, galanterie que j’avais déjà vu faire, et qu’on apprend aisément ; la mienne me valut encore un soupir de sa part, et puis je me levai et lui donnai le bonsoir.

Elle m’avait recommandé de prier Dieu, et je n’y manquai pas ; je le priai même plus qu’à l’ordinaire, car on aime tant Dieu, quand on a besoin de lui !