Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1827, tome 8.djvu/18

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Je me couchai fort content de ma dévotion, et persuadé qu’elle était très méritoire. Je ne me réveillai le lendemain qu’à huit heures du matin.

Il en était près de neuf, quand j’entrai dans la chambre de Mlle Habert, qui s’était levée aussi plus tard que de coutume ; et j’avais eu à peine le temps de lui donner le bonjour, quand Cathos vint me dire que quelqu’un demandait à me parler.

Cela me surprit, je n’avais d’affaire avec personne. Est-ce quelqu’un de la maison ? dit Mlle Habert encore plus intriguée que moi.

Non, mademoiselle, répondit Cathos, c’est un homme qui vient d’arriver tout à l’heure. Je voulus aller voir qui c’était. Attendez, dit Mlle Habert ; je ne veux pas que vous sortiez ; qu’il vienne vous parler ici, il n’y a qu’à le faire entrer.

Cathos nous l’amena ; c’était un homme assez bien mis, une manière de valet de chambre qui avait l’épée au côté.

N’est-ce pas vous qui vous appelez monsieur de la Vallée ? me dit-il. Oui, monsieur, répondis-je, qu’est-ce, qu’y a-t-il pour votre service ?

Je viens ici de la part de M. le président... (c’était un des premiers magistrats de Paris) ; qui souhaiterait vous parler, me dit-il.

À moi ! m’écriai-je, cela ne se peut pas, il faut que ce soit un autre M. de la Vallée, car je ne connais pas ce M. le président, je ne l’ai de ma vie ni vu ni aperçu.

Non, non, reprit-il, c’est vous-même qu’il demande,