Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1827, tome 8.djvu/182

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si on le traitait avec douceur. Mme de Ferval était née douce, il y avait ici des raisons pour l’être : le serait-elle ; ne le serait-elle pas ? Me voilà là-dessus dans une émotion que je ne puis exprimer ; me voilà remué par je ne sais quelle curiosité inquiète, jalouse, un peu libertine, si vous voulez ; enfin, très difficile à expliquer. Ce n’est pas du cœur d’une femme dont on est en peine, c’est de sa personne ; on ne songe point à ses sentiments, mais à ses actions ; on ne dit point : Sera-t-elle infidèle ? mais : Sera-t-elle sage ?

Dans ces dispositions, je songeai que j’avais beaucoup d’argent sur moi, que la Remy aimait à en gagner, et qu’une femme qui ne refusait pas de louer sa chambre pour deux ou trois heures, voudrait bien pour quelques moments me louer un cabinet, ou quelque autre lieu attenant la chambre, si elle en avait un.