Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1827, tome 8.djvu/19

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c’est l’amant d’une nommée Mlle Habert ; j’ai là-bas un fiacre qui nous attend, et vous ne pouvez pas vous dispenser de venir ; car on vous y obligerait : ainsi ce n’est pas la peine de refuser ; d’ailleurs on ne veut vous faire aucun mal, on ne veut que vous parler.

J’ai fort l’honneur de connaître une parente de M. le président, et qui loge chez lui, dit alors Mlle Habert ; et comme je soupçonne que c’est une affaire qui me regarde aussi, je vous suivrai, messieurs ; ne vous inquiétez point, monsieur de la Vallée, nous y allons ensemble ; tout ceci vient de mon aînée ; c’est elle qui cherche à nous traverser, nous la trouverons chez M. le président, j’en suis sûre, et peut-être M. Doucin avec elle. Allons, allons voir de quoi il s’agit, vous n’attendrez pas, monsieur ; je n’ai qu’à changer de robe.

Non, mademoiselle, dit le valet de chambre (car c’en était un), j’ai précisément ordre de n’amener que M. de la Vallée ; il faut qu’on ait prévu que vous voudriez venir, puisqu’on m’a donné cet ordre positif, ainsi vous ne sauriez nous suivre ; je vous demande pardon du refus que je vous fais, mais il faut que j’obéisse.

Voilà de grandes précautions, d’étranges mesures, dit-elle, eh bien, ! monsieur de la Vallée, partez, allez devant, présentez-vous hardiment ; j’y serai presque aussitôt que vous, car je vais envoyer chercher une voiture.

Je ne vous le conseille pas, mademoiselle, dit le