Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1827, tome 8.djvu/56

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Je veux crier, dire mes raisons ; mais le bruit et le tumulte empêchent qu’on ne m’entende, et malgré ma résistance, qui n’était pas de trop bon sens, on m’entraîne dans la maison, on me fait monter l’escalier, et j’entre avec les archers qui me mènent, et quelques voisins qui nous suivent, dans un petit appartement où nous trouvons une jeune dame couchée à terre, extrêmement blessée, évanouie, et qu’une femme âgée tâchait d’appuyer contre un fauteuil.

Vis-à-vis d’elle était un jeune homme fort bien mis, blessé aussi, renversé sur un sopha, et qui, en perdant son sang, demandait du secours pour la jeune dame en question, pendant que la vieille femme et une espèce de servante poussaient les hauts cris.

Eh vite ! messieurs, vite un chirurgien, dit le jeune homme à ceux qui me tenaient, qu’on se hâte de la secourir, elle se meurt, peut-être la sauvera-t-on. (Il parlait de la jeune dame.)

Le chirurgien n’était pas loin ; il en demeurait un vis-à-vis la maison qu’on appela de la fenêtre, et qui monta sur-le-champ ; il vint aussi un commissaire.

Et comme je parlais beaucoup, que je protestais n’avoir point de part à cette aventure, et qu’il était injuste de me retenir, on m’entraîna dans un petit cabinet voisin, où j’attendis qu’on eût visité les blessures de la dame et du jeune homme.

La dame qui était évanouie revint à elle, et quand on eut mis ordre à tout, on me ramena du cabinet où j’étais dans leur chambre.