Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1827, tome 8.djvu/57

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Connaissez-vous ce jeune homme ? leur dit un des archers ; examinez-le ; nous l’avons trouvé dans l’allée dont la porte était fermée sur lui, et qu’il a ouverte en tenant à la main cette épée que vous voyez. Elle est encore toute sanglante, s’écria là-dessus quelque autre qui l’examina, et voilà sans doute un de ceux qui vous ont blessés.

Non, messieurs, répondit le jeune homme d’une voix très faible ; nous ne connaissons point cet homme, ce n’est pas lui qui nous a mis dans l’état où nous sommes, mais nous connaissons notre assassin ; c’est un nommé tel... (il dit un nom dont je ne me ressouviens plus), mais puisque celui-ci était dans la maison, et que vous l’y avez saisi avec cette épée encore teinte de notre sang, peut-être celui qui nous a assassiné l’avait-il pris pour le soutenir en cas de besoin, et il faut toujours l’arrêter.

Misérable, me dit à son tour la jeune dame, sans me donner le temps de répondre, qu’est devenu celui dont tu es sans doute le complice ? Hélas ! messieurs, il vous est échappé. Elle n’eut pas la force d’aller plus loin, elle était blessée à mort, et ne pouvait pas en revenir.

Je crus alors pouvoir parler ; mais à peine commençais-je à m’expliquer, que l’archer, qui avait le premier pris la parole, m’interrompant :

Ce n’est pas ici que tu dois te justifier, me dit-il ; marche. Et sur-le-champ on me traîne en bas, où je restai jusqu’à l’arrivée d’un fiacre qu’on était allé chercher, et dans lequel on me mena en prison.