Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1827, tome 8.djvu/73

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un honnête homme ; et puis nous en vînmes à nous, à notre amour, à notre mariage, et vous me demanderez peut-être ce que c’était que ce coupable ; voici en deux mots le sujet de son action.

Il y avait près d’un an que son meilleur ami aimait une demoiselle, dont il était aimé : comme il n’était pas aussi riche qu’elle, le père de la fille la lui refusait en mariage, et défendit même à sa fille de le voir davantage. Dans l’embarras où cela les mit, ils se servirent de celui qui les tua pour s’écrire et recevoir leurs billets.

Celui-ci, qui était un des amis de la maison, mais qui n’y venait pas souvent, devint éperdument amoureux de la demoiselle à force de la voir et de l’entendre soupirer pour l’autre. Il était plus riche que son ami ; il parla d’amour, la demoiselle en badina quelque temps comme d’une plaisanterie, s’en fâcha quand elle vit que la chose était sérieuse, et en fit avertir son amant, qui en fit des reproches à ce déloyal ami. Cet ami en fut d’abord honteux, parut s’en