Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1827, tome 8.djvu/90

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fait ; tous les marchands furent appelés ; Mme d’Alain toujours présente, toujours marchandant, toujours tracassière ; et avant le dîner j’eus la joie de voir Jacob métamorphosé en cavalier, avec la doublure de soie, avec le galant bord d’argent au chapeau, et l’ajustement d’une chevelure qui me descendait jusqu’à la ceinture, et après laquelle le baigneur avait épuisé tout son savoir-faire.

Je vous ai déjà dit que j’étais beau garçon, mais jusque-là il avait fallu le remarquer pour y prendre garde. Qu’est-ce que c’est qu’un beau garçon sous des habits grossiers ? il est bien enterré là-dessous ; nos yeux sont si dupes à cet égard-là ! S’aperçût-on même qu’il est beau, quel mérite cela a-t-il ? On dirait volontiers : De quoi se mêle-t-il, il lui appartient bien ! Il y a seulement par-ci par-là quelques femmes moins frivoles, moins dissipées que d’autres, qui ont le goût plus essentiel, et qui ne s’y trompent point. J’en avais déjà rencontré quelques-unes de celles-là, comme vous l’avez vu ; mais ma foi sous mon nouvel