Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1827, tome 8.djvu/91

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attirail, il ne fallait que des yeux pour me trouver aimable, et je n’avais que faire qu’on les eût si bons ; j’étais bel homme, j’étais bien fait, j’avais des grâces naturelles, et tout cela au premier coup d’œil.

Voyez donc l’air qu’il a, ce cher enfant ! dit Mme de la Vallée, quand je sortis du cabinet où je m’étais retiré pour m’habiller. Comment donc, dit Mme d’Alain, savez-vous bien qu’il est charmant ? Et ce n’était plus en babillarde qu’elle le disait, il me parut que c’était en femme qui le pensait, et qui même, pendant quelques moments, en perdit son babil. À la manière étonnée dont elle me regarda, je crois qu’elle convoitait le mari de ma femme, je lui avais déjà plu à moins de frais.

Voilà une belle tête, disait-elle, si jamais je me marie, je prendrai un homme qui aura la pareille. Oh ! oui, ma mère, dit Agathe qui venait d’entrer, mais ce n’est pas le tout, il faut la mine avec.

Cependant nous dînâmes ; Mme d’Alain se répandit en cajoleries pendant le repas, Agathe ne m’y parla que des yeux, et m’en dit plus que sa mère, et ma femme ne vit que moi, ne songea qu’à moi, et je parus à mon tour n’avoir d’attention que pour elle.