Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1830, tome 5.djvu/320

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ne l'avons su qu'une heure avant la seconde ; mais à la troisième, on mandera qu'on les a vues, et à la quatrième, qu'on les adore. Je défie qu'on aille plus vite.

LISETTE

Je crains que la mère, qui a ses desseins, n'aille plus vite encore.

PASQUIN, d'un ton adroit.

En ce cas-là, si vous voulez, nous pourrons aller encore plus vite qu'elle.

LISETTE, froidement.

Oui, mais les expédients ne sont pas de notre goût ; et en mon particulier, je congédierais, avec un soufflet ou deux, le coquin qui oserait me le proposer.

PASQUIN

S'il n'y avait que le soufflet à essuyer, je serais volontiers ce coquin-là, mais je ne veux pas du congé.

LISETTE

Achevons : dis-moi, cette charge que doit avoir ton maître est-elle achetée ?

PASQUIN

Pas encore, mais nous la marchandons.

LISETTE, d'un air incrédule et tout riant.

Vous la marchandez ?

PASQUIN

Sans doute ; t'imagines-tu qu'on achète une charge