Page:Marivaux - Œuvres complètes, édition Duviquet, 1830, tome 5.djvu/321

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considérable comme on achète un ruban ? Toi qui parles, quand tu fais l'emplette d'une étoffe, prends-tu le marchand au mot ? On te surfait, tu rabats, tu te retires, on te rappelle, et à la fin on lâche la main de part et d'autre, et nous la lâcherons, quand il en sera temps.

LISETTE, d'un air incrédule.

Pasquin, est-il réellement question d'une charge ? Ne me trompes-tu pas ?

PASQUIN

Allons, allons, tu te moques ; je n'ai point d'autre réponse à cela que de te montrer ce minois. (Il montre son visage.) Cette face d'honnête homme que tu as trouvée si belle et si pleine de candeur…

LISETTE

Que sait-on ? ta physionomie vaut peut-être mieux que toi ?

PASQUIN

Non, ma mie, non, on n'y voit qu'un échantillon de mes bonnes qualités, tout le monde en convient ; informez-vous.

LISETTE

Quoi qu'il en soit, je conseille à ton maître de faire ses diligences. Mais voilà quelqu'un qui paraît avoir envie de te parler ; adieu, nous nous reverrons tantôt.