Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/100

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Lélio.

Il faut bien que cela se passe.

Arlequin.

Emmenez-moi avec vous ; car je ne me fie point à elle.

Colombine.

Oh ! je ne consentirai point à demeurer seule ; je veux causer.

Lélio.

Fais-lui l’honnêteté de rester avec elle ; je vais revenir.



Scène III

ARLEQUIN, COLOMBINE.
Arlequin.

J’ai bien affaire, moi, d’être honnête à mes dépens !

Colombine.

Et que crains-tu ? Tu ne m’aimes point, tu ne veux point m’aimer.

Arlequin.

Non, je ne veux point t’aimer ; mais je n’ai que faire de prendre la peine de m’empêcher de le vouloir.

Colombine.

Tu m’aimerais donc, si tu ne t’en empêchais ?

Arlequin.

Laissez-moi en repos, mademoiselle Colombine. Promenez-vous d’un côté, et moi d’un autre ; sinon, je m’enfuirai, car je réponds tout de travers.