Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/167

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Arlequin.

Là-haut, on n’écrit pas de telles impertinences ; pour marque de cela, si on avait prédit que je dois vous assommer, vous tuer par derrière, trouveriez-vous bon que j’accomplisse la prédiction ?

Trivelin.

Non, vraiment ! il ne faut jamais faire de mal à personne.

Arlequin.

Eh bien ! c’est ma mort qu’on a prédite. Ainsi c’est prédire rien qui vaille, et dans tout cela, il n’y a que l’astrologue à pendre.

Trivelin.

Eh ! morbleu, on ne prétend pas vous faire du mal ; nous avons ici d’aimables filles ; épousez-en une, vous y trouverez votre avantage.

Arlequin.

Oui-da ! que je me marie à une autre, afin de mettre Silvia en colère et qu’elle porte son amitié ailleurs ! Oh ! oh ! mon mignon, combien vous a-t-on donné pour m’attraper ? Allez, mon fils, vous n’êtes qu’un butor. Gardez vos filles, nous ne nous accommoderons pas ; vous êtes trop cher.

Trivelin.

Savez-vous bien que le mariage que je vous propose vous acquerra l’amitié du prince ?

Arlequin.

Bon ! mon ami ne serait pas seulement mon camarade.

Trivelin.

Mais les richesses que vous promet cette amitié…

Arlequin.

On n’a que faire de toutes ces babioles-là, quand