Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/168

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on se porte bien, qu’on a bon appétit et de quoi vivre.

Trivelin.

Vous ignorez le prix de ce que vous refusez.

Arlequin.

C’est à cause de cela que je n’y perds rien.

Trivelin.

Maison à la ville, maison à la campagne.

Arlequin.

Ah ! que cela est beau ! il n’y a qu’une chose qui m’embarrasse ; qu’est-ce qui habitera ma maison de ville, quand je serai à ma maison de campagne ?

Trivelin.

Parbleu ! vos valets.

Arlequin.

Mes valets ? Qu’ai-je besoin de faire fortune pour ces canailles-là ? Je ne pourrai donc pas les habiter toutes à la fois ?

Trivelin.

Non, que je pense ; vous ne serez pas en deux endroits en même temps.

Arlequin.

Eh bien ! innocent que vous êtes, si je n’ai pas ce secret-là, il est inutile d’avoir deux maisons.

Trivelin.

Quand il vous plaira, vous irez de l’une à l’autre.

Arlequin.

À ce compte, je donnerai donc ma maîtresse pour avoir le plaisir de déménager souvent ?

Trivelin.

Mais rien ne vous touche ; vous êtes bien étrange !