ACTE DEUXIÈME
Scène première
Oui, je vous crois. Vous paraissez me vouloir du bien. Aussi vous voyez que je ne souffre que vous ; je regarde tous les autres comme mes ennemis. Mais où est Arlequin ?
Il va venir ; il dîne encore.
C’est quelque chose d’épouvantable que ce pays-ci. Je n’ai jamais vu de femmes aussi prévenantes, d’hommes aussi honnêtes. Ce sont des manières si douces, tant de révérences, tant de compliments, tant de signes d’amitié ! Vous diriez que ce sont les meilleures gens du monde, qu’ils sont pleins de cœur et de conscience. Quelle erreur ! De tous ces gens-là, il n’y en a pas un qui ne vienne me dire d’un air prudent : « Mademoiselle, croyez-moi, je vous conseille d’abandonner Arlequin et d’épouser le prince » ; mais ils me conseillent cela tout naturellement, sans avoir honte, non plus que s’ils m’exhortaient à quelque bonne action. « Mais, leur dis-je, j’ai promis à Arlequin ; où est la fidélité, la probité, la bonne foi ? » Ils ne