Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/203

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maître, car tu me l’as dit ; je n’en savais rien, fainéant que tu es ! S’il t’arrive de faire le rapporteur et qu’à cause de toi on fasse seulement la moue à cette honnête fille-là, c’est deux oreilles que tu auras de moins ; je te les garantis dans ma poche.

Trivelin.

Je ne suis pas à cela près, et je veux faire mon devoir.

Arlequin.

Deux oreilles ; entends-tu bien à présent ? Va-t’en.

Trivelin.

Je vous pardonne tout à vous, car enfin il le faut ; mais vous me le payerez, Flaminia.

(Il sort.)



Scène VI

ARLEQUIN, FLAMINIA.
Arlequin.

Cela est terrible ! Je n’ai trouvé ici qu’une personne qui entende la raison, et l’on vient chicaner ma conversation avec elle. Ma chère Flaminia, à présent, parlons de Silvia à notre aise ; quand je ne la vois point, il n’y a qu’avec vous que je m’en passe.

Flaminia, d’un air simple.

Je ne suis point ingrate ; il n’y a rien que je ne fisse pour vous rendre contents tous deux ; et d’ailleurs vous êtes si estimable, Arlequin, que, quand je vois qu’on vous chagrine, je souffre autant que vous.

Arlequin.

La bonne sorte de fille ! Toutes les fois que vous