Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/230

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Trivelin.

Tant qu’il vous plaira.

Arlequin.

Dites-moi, qui est-ce qui me nourrit ici ?

Trivelin.

C’est le prince.

Arlequin.

Par la sambille ! la bonne chère que je fais me donne des scrupules.

Trivelin.

D’où vient donc ?

Arlequin.

Mardi ! j’ai peur d’être en pension sans le savoir.

Trivelin.

Ah ! ah ! ah ! ah !

Arlequin.

De quoi riez-vous, grand benêt ?

Trivelin.

Je ris de votre idée, qui est plaisante. Allez, allez, seigneur Arlequin, mangez en toute sûreté de conscience et buvez de même.

Arlequin.

Dame, je prends mes repas dans la bonne foi ; il me serait bien rude de me voir un jour apporter le mémoire de ma dépense ; mais je vous crois. Dites-moi, à présent, comment s’appelle celui qui rend compte au prince de ses affaires ?

Trivelin.

Son secrétaire d’État, voulez-vous dire ?

Arlequin.

Oui ; j’ai dessein de lui faire un écrit pour le prier d’avertir le prince que je m’ennuie, et lui