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Scène IV

LE SEIGNEUR, ARLEQUIN.
Arlequin.

Voilà mon homme de tantôt. Ma foi ! monsieur le médisant (car je ne sais point votre autre nom), je n’ai rien dit de vous au prince, par la raison que je ne l’ai point vu.

Le Seigneur.

Je vous suis obligé de votre bonne volonté, seigneur Arlequin ; mais je suis sorti d’embarras et rentré dans les bonnes grâces du prince, sur l’assurance que je lui ai donnée que vous lui parleriez pour moi ; j’espère qu’à votre tour vous me tiendrez parole.

Arlequin.

Oh ! quoique je paraisse un innocent, je suis homme d’honneur.

Le Seigneur.

De grâce, ne vous ressouvenez plus de rien, et réconciliez-vous avec moi en faveur du présent que je vous apporte de la part du prince ; c’est de tous les présents le plus grand qu’on puisse vous faire.

Arlequin.

Est-ce Silvia que vous m’apportez ?

Le Seigneur.

Non. Le présent dont il s’agit est dans ma poche. Ce sont des lettres de noblesse dont le prince vous gratifie comme parent de Silvia ; car on dit que vous l’êtes un peu.