Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/239

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seulement afin qu’on n’ose pas vous en faire, et pour cet effet prenez vos lettres de noblesse.

Arlequin.

Têtubleu ! vous avez raison, je ne suis qu’une bête. Allons, me voilà noble ; je garde le parchemin ; je ne crains plus que les rats, qui pourraient bien gruger ma noblesse ; mais j’y mettrai bon ordre. Je vous remercie, et le prince aussi ; car il est bien obligeant dans le fond.

Le Seigneur.

Je suis charmé de vous voir content ; adieu.

Arlequin.

Je suis votre serviteur. Monsieur ! monsieur !

Le Seigneur.

Que me voulez-vous ?

Arlequin.

Ma noblesse m’oblige-t-elle à rien ? car il faut faire son devoir dans une charge.

Le Seigneur.

Elle oblige à être honnête homme.

Arlequin.

Vous aviez donc des exemptions, vous, quand vous avez dit du mal de moi ?

Le Seigneur.

N’y songez plus ; un gentilhomme doit être généreux.

Arlequin.

Généreux et honnête homme ! Vertuchoux ! ces devoirs-là sont bons ; je les trouve encore plus nobles que mes lettres de noblesse. Et quand on ne s’en acquitte pas, est-on encore gentilhomme ?