Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/268

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et moi, et que nous en partons demain pour n’y revenir jamais ; ce qui fait que monsieur le chevalier vous mande, que vous ayez à trouver bon qu’il ne vous voie point cette après-dînée, et qu’il ne vous assure point de ses respects, sinon ce matin, si cela ne vous déplaisait pas, pour vous dire adieu, à cause de l’incommodité de ses embarras.

Lisette.

Tout ce galimatias-là signifie que monsieur le chevalier souhaiterait vous voir à présent.

La Marquise.

Sais-tu ce qu’il a à me dire ? Car je suis dans l’affliction.

Lubin, d’un ton triste, et à la fin pleurant.

Il a à vous dire que vous ayez la bonté de l’entretenir un quart d’heure ; pour ce qui est d’affliction, ne vous embarrassez pas, madame, il ne nuira pas à la vôtre ; au contraire, car il est encore plus triste que vous, et moi aussi ; nous faisons compassion à tout le monde.

Lisette.

Mais, en effet, je crois qu’il pleure.

Lubin.

Oh ! vous ne voyez rien, je pleure bien autrement quand je suis seul ; mais je me retiens par honnêteté.

Lisette.

Tais-toi.

La Marquise.

Dis à ton maître qu’il peut venir, et que je l’attends ; et vous, Lisette, quand monsieur Hortensius sera revenu, qu’il vienne sur-le-champ me montrer les livres qu’il a dû m’acheter. (Elle soupire en s’en allant.) Ah !