Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/339

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Le Chevalier.

Ce que j’en pense ?… Votre question me fait ressouvenir qu’il y a longtemps que je ne l’ai vue, et qu’il faut que vous me présentiez à elle.

Le Comte.

Vous m’avez dit cent fois qu’elle était digne d’être aimée du plus honnête homme. On l’estime ; vous connaissez son bien, vous lui plairez, j’en suis sûr ; et si vous ne voulez qu’un parti convenable, en voilà un.

Le Chevalier.

En voilà un… vous avez raison… oui… votre idée est admirable : elle est amie de la marquise, n’est-ce pas ?

Le Comte.

Je crois que oui.

Le Chevalier.

Allons, cela est bon, et je veux que ce soit moi qui lui annonce la chose. Je crois que c’est elle qui entre, retirez-vous pour quelques moments dans ce cabinet ; vous allez voir ce qu’un rival de mon espèce est capable de faire, et vous paraîtrez quand je vous appellerai. Partez, point de remerciement, un jaloux n’en mérite point.



Scène VII

LE CHEVALIER, seul.

Parbleu, madame, je suis donc cet ami qui devait vous tenir lieu de tout : vous m’avez joué, femme que vous êtes ; mais vous allez voir combien je m’en soucie.