Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/35

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La Fée.

Il jase, il est vrai ; mais sa réponse ne me plaît pas. Mon cher Arlequin, ce n’est donc pas de moi que vous parlez ?

Arlequin.

Oh ! je ne suis pas un niais ; je ne dis pas ce que je pense.

La Fée, avec feu, et d’un ton brusque.

Qu’est-ce que cela signifie ? Où avez-vous pris ce mouchoir ?

Arlequin, la regardant avec crainte.

Je l’ai pris à terre.

La Fée.

À qui est-il ?

Arlequin.

Il est à… (Puis s’arrêtant.) Je n’en sais rien.

La Fée.

Il y a quelque mystère désolant là-dessous ! Donnez-moi ce mouchoir ! (Elle lui arrache, et après l’avoir regardé avec chagrin, et à part.) Il n’est pas à moi ; et il le baisait ! N’importe ; cachons-lui mes soupçons, et ne l’intimidons pas ; car il ne me découvrirait rien.

Arlequin, humblement, et le chapeau bas.

Ayez la charité de me rendre le mouchoir.

La Fée, en soupirant en secret.

Tenez, Arlequin ; je ne veux pas vous l’ôter, puisqu’il vous fait plaisir.

(Arlequin en le recevant baise la main, la salue, et s’en va.)
La Fée.

Vous me quittez ! Où allez-vous ?