Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/500

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dorante.

On vous avertira, s’il vous en vient. Souffrez que je vous parle de mon amour.

La Comtesse.

N’est-ce que cela ? Je sais votre amour par cœur. Que me veut-il donc, cet amour ?

Dorante.

Hélas ! madame, de l’air dont vous m’écoutez, je vois bien que je vous ennuie.

La Comtesse.

À vous dire vrai, votre prélude n’est pas amusant.

Dorante.

Que je suis malheureux ! Qu’êtes-vous devenue pour moi ? Vous me désespérez.

La Comtesse.

Dorante, quand quitterez-vous ce ton lugubre et cet air noir ?

Dorante.

Faut-il que je vous aime encore, après d’aussi cruelles réponses que celles que vous me faites !

La Comtesse.

Cruelles réponses ! Avec quel goût vous prononcez cela ! Que vous auriez été un excellent héros de roman ! Votre cœur a manqué sa vocation, Dorante.

Dorante.

Ingrate que vous êtes !

La Comtesse, riant.

Ce style-là ne me corrigera guère.

Arlequin, gémissant.

Hi ! hi ! hi !

La Comtesse.

Tenez, monsieur, vos tristesses sont si contagieu-