Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/526

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Dorante.

Oui, madame.

La Marquise.

Cela pourra n’être pas inutile ; ce petit article-là touchera la comtesse, si elle l’apprend.

Dorante.

Ma foi, madame, je commence à croire que nous réussirons. Je la vois déjà très étonnée de ma façon d’agir avec elle ; car elle s’attendait à des reproches, et je l’ai vue prête à me demander pourquoi je ne lui en faisais pas.

La Marquise.

Je vous dis que, si vous tenez bon, vous la verrez pleurer de douleur.

Dorante.

Je l’attends aux larmes ; êtes-vous contente ?

La Marquise.

Je ne réponds de rien, si vous n’allez jusque-là.

Dorante.

Et votre chevalier, comment en agit-il ?

La Marquise.

Ne m’en parlez point ; tâchons de le perdre, et qu’il devienne ce qu’il voudra. Mais j’ai chargé un des gens de la comtesse de savoir si je pouvais la voir, et je crois qu’on vient me rendre réponse. (À un laquais qui paraît.) Eh bien ! parlerai-je à ta maîtresse ?

Le Laquais.

Oui, madame, la voilà qui arrive. (Il sort.)

La Marquise, à Dorante.

Quittez-moi ; il ne faut pas dans ce moment-ci qu’elle nous voie ensemble ; cela paraîtrait affecté.