Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/525

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Dorante.

Ton congé, tu le connaîtras dès aujourd’hui, si tu ne suis pas mes ordres ; ce n’est même qu’en les suivant que tu serais regretté de Lisette.

Arlequin.

Elle me regrettera ! Eh ! monsieur, que ne parlez-vous ?

Dorante.

Retire-toi ; j’aperçois la marquise.

Arlequin.

J’obéis, à condition qu’on me regrettera, au moins.

Dorante.

À propos, garde le secret sur la défense que je te fais de voir Lisette. Comme c’était de mon consentement que tu l’épousais, ce serait avoir un procédé trop choquant pour la comtesse, que de paraître m’y opposer ; je te permets seulement de dire que tu aimes mieux Marton, que la marquise te destine.

Arlequin.

Ne craignez rien ; il n’y aura là-dedans que la marquise et moi de malhonnêtes ; c’est elle qui me fait présent de Marton, c’est moi qui la prends ; vous, vous contentez de nous laisser faire.

Dorante.

Fort bien ; va-t’en.

Arlequin, revenant sur ses pas.

Mais on me regrettera ? (Il sort.)



Scène II

LA MARQUISE, DORANTE.
La Marquise.

Avez-vous instruit votre valet, Dorante ?