Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/548

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La Comtesse.

Quoi ! monsieur, vous hésitez entre elle et moi ! Songez-vous à ce que vous faites ?

Dorante.

C’est en y songeant que je m’arrête.

Le Chevalier.

Eh ! cadédis, laissons cé trio dé valets et dé soubrettes.

La Comtesse, outrée, à Dorante.

C’est à moi, sur ce pied-là, à vous prier d’excuser le ton dont je l’ai pris ; il ne me convenait point.

Dorante.

Il m’honorera toujours ; et j’y obéirais avec plaisir, si je pouvais.

La Comtesse, riant.

Nous n’avons plus rien à nous dire, je pense. Donnez-moi la main, chevalier.

Le Chevalier, lui donnant la main.

Prénez et né rendez pas, comtesse.

Dorante.

J’étais pourtant venu pour savoir une chose ; voudriez-vous bien m’en instruire, madame ?

La Comtesse, se retournant.

Ah ! monsieur, je ne sais rien.

Dorante.

Vous savez ce que j’ai à vous demander, madame. Vous destinez-vous bientôt au chevalier ? Quand aurons-nous la joie de vous voir unis ensemble ?

La Comtesse.

Cette joie-là, vous l’aurez peut-être ce soir, monsieur.

Le Chevalier.

Doucément ! diviné Comtesse, jé tombe en délire ! jé perds haleine dé ravissement !