Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/551

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si près d’une si douce aventure, on a bien des choses à se dire. Laissons-leur ces moments-ci, et allons, de notre côté, songer à ce qui nous regarde.

La Marquise.

Allons, comtesse, que je vous embrasse avant de partir. Adieu, chevalier ; je vous fais mes compliments. À tantôt.



Scène XIII

LE CHEVALIER, LA COMTESSE.
La Comtesse.

Vous êtes fort regretté, à ce que je vois ! On faisait grand cas de vous !

Le Chevalier.

Jé l’en dispense, surtout cé soir.

La Comtesse.

Ah ! c’en est trop.

Le Chevalier.

Comment ! Changez-vous d’avis ?

La Comtesse.

Un peu.

Le Chevalier.

Qué pensez-vous ?

La Comtesse.

J’ai un dessein… il faudra que vous m’y serviez… Je vous le dirai tantôt. Ne vous inquiétez point, je vais y rêver. Adieu ; ne me suivez pas… (Elle s’en va et revient.) Il est même nécessaire que vous ne me voyiez pas de si tôt. Quand j’aurai besoin de vous, je vous en informerai.

Le Chevalier.

Jé démeure muet ; jé sens qué jé périclite. Cette femme est plus femme qu’une autre.