Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/56

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Arlequin, fâché.

Jarni ! je vous apprendrai à vivre. (À Silvia.) Donnez-moi ce bâton, afin que je les rosse.

(Il prend la baguette, et ensuite bat les esprits avec son épée ; il bat après les danseurs, les chanteurs, et jusqu’à Trivelin même.)

Silvia, en l’arrêtant.

En voilà assez, mon ami. (Arlequin menace tout le monde, va à la fée qui est sur le banc, et la menace aussi. Silvia alors s’approche à son tour de la fée et lui dit en la saluant :) Bonjour, madame ; comment vous portez-vous ? Vous n’êtes donc plus si méchante ? (La Fée détourne la tête en jetant des regards de fureur sur eux.) Oh ! qu’elle est en colère.

Arlequin, à la fée.

Tout doux ! je suis le maître. Allons, qu’on nous regarde tout à l’heure agréablement.

Silvia.

Laissons-la, mon ami ; soyons généreux ; la compassion est une belle chose.

Arlequin.

Je lui pardonne ; mais je veux qu’on chante, qu’on danse, et puis après nous irons nous faire roi quelque part.