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La Fée, tombant sur un siège de gazon.

Ah ! je suis perdue, je suis trahie.

Arlequin, en riant.

Et moi, je suis on ne peut mieux. Oh ! oh ! vous me grondiez tantôt parce que je n’avais pas d’esprit ; j’en ai pourtant plus que vous. (Arlequin alors fait des sauts de joie ; il rit, il danse, il siffle, et de temps en temps va autour de la fée, et lui montrant la baguette.) Soyez bien sage, madame la sorcière ; car voyez-vous bien cela ? (Alors il appelle tout le monde.) Allons, qu’on m’apporte ici mon petit cœur. Trivelin, où sont mes valets et tous les diables aussi ? Vite ; j’ordonne ; je commande, ou par la sambleu… (Tout accourt à sa voix.)



Scène XXII

LA FÉE, ARLEQUIN, SILVIA, TRIVELIN, DANSEURS, CHANTEURS ET ESPRITS.
Arlequin, courant au-devant de Silvia, et lui montrant la baguette.

Ma chère amie, voilà la machine ; je suis sorcier à cette heure ; tenez, prenez, ; il faut que vous soyez sorcière aussi.

(Il lui donne la baguette.)
Silvia, prend la baguette en sautant d’aise.

Oh ! mon amant, nous n’aurons plus d’envieux.

(À peine Silvia a-t-elle dit ces mots, que quelques esprits s’avancent.)
Un des Esprits.

Vous êtes notre maîtresse, que voulez-vous de nous ?

(Silvia, surprise de leur approche, se retire.)