Page:Marivaux - Théâtre, vol. I.djvu/86

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’occident ; cela fera de belles productions, et nos petits-neveux auront bon air. Eh ! morbleu ! pourquoi prêcher la fin du monde ? Cela coupe la gorge à tout ; soyons raisonnables. Condamnez les amants déloyaux, les conteurs de sornettes, à être jetés dans la rivière une pierre au cou ; à merveille. Enfermez les coquettes entre quatre murailles, fort bien. Mais les amants fidèles, dressez-leur de belles et bonnes statues pour encourager le public. Vous riez ! Adieu, pauvres brebis égarées ; pour moi, je vais travailler à la conversion d’Arlequin. À votre égard, que le ciel vous assiste ! Mais il serait curieux de vous voir chanter la palinodie ; je vous y attends. (Elle sort.)

La Comtesse.

La folle ! Je vous quitte, monsieur ; j’ai quelque ordre à donner. N’oubliez pas, de grâce, ma recommandation pour ces paysans.



Scène VIII

LE BARON, LA COMTESSE, LÉLIO.
Le Baron.

Ne me trompé-je point ? Est-ce vous que je vois, madame la comtesse ?

La Comtesse.

Oui, monsieur, c’est moi-même.

Le Baron.

Quoi ! avec notre ami Lélio ! Cela se peut-il ?

La Comtesse.

Que trouvez-vous donc là de si étrange ?