Page:Marivaux - Théâtre, vol. II.djvu/73

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Damis.

Soit ; mais souvenez-vous qu’elle a exigé que je ne l’épousasse point ; qu’elle me l’a demandé par tout l’honneur dont je suis capable ; que c’est elle peut-être, qui, pour se débarrasser tout à fait de moi, contribue aujourd’hui au nouveau mariage qu’on veut que je fasse ; en un mot, je ne sais qu’en penser moi-même. Je puis me tromper, peut-être vous trompez-vous aussi ; et, sans quelques preuves un peu moins équivoques de ses sentiments, je ne saurais me déterminer à violer les paroles que je lui ai données ; non pas que je les estime plus qu’elles valent ; elles ne seraient rien pour un homme qui plairait ; mais elles doivent lier tout homme qu’on hait, et dont on les a exigées comme une sûreté contre lui. Quoi qu’il en soit, voici Lucile qui vient ; je n’attends d’elle que le moindre petit accueil pour me déclarer, et son seul abord va décider de tout.



Scène VII

LUCILE, DAMIS, FRONTIN, LISETTE.
Lucile.

J’ai à vous parler pour un moment, Damis ; notre entretien sera court ; je n’ai qu’une question à vous faire, vous, qu’un mot à me répondre ; et puis je vous fuis, je vous laisse.

Damis.

Vous n’y serez point obligée, madame, et j’aurai soin de me retirer le premier. (À part.) Eh bien, Lisette ?