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la lutte

nent à son cou avec la ténacité des dents d’un piège à loup. Déjà le Canadien sent venir la suffocation ; ses yeux, injectés de sang, sortent de leur orbite ; sa figure prend la couleur bleuâtre de celle d’un noyé ; la langue lui sort à moitié de la bouche, tandis que ses lèvres livides sont frangées d’écume et que l’air entre difficilement dans ses poumons ; il rend déjà le râle sinistre de la mort. Les battements de son cœur deviennent moins précipités et le sang qui lui afflue au cerveau va lui faire perdre connaissance, quand le Loup-Cervier pousse tout à coup une exclamation de douleur, ouvre démesurément les yeux et tombe à la renverse. Un flot de sang noir s’échappe de sa poitrine en maculant la neige.

Thomas Fournier, en se débattant, venait de rencontrer sous sa main une flèche tombée là par hasard au commencement de l’attaque, et, d’un bras que glaçaient presque les étreintes de la mort, il l’avait enfoncée dans le cœur de l’Indien.

Le vieux guide se relève et contemple, encore tout étourdi par la lutte qu’il vient de soutenir, son ennemi qui se débat dans les dernières convulsions de l’agonie, lors-