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charles et éva

Oh ! il faut que l’amour de la patrie soit bien grand dans un homme pour qu’il ne sente pas chanceler son courage quand il presse, pour la dernière fois peut-être, la main d’une personne aimée ; quand il voit de grosses larmes glisser silencieuses sur les joues pâlies de la jeune fille qui lui dit d’aller là où le devoir l’appelle ; quand ils se disent tous deux un adieu qui peut être éternel !

Mais s’il est grand l’héroïsme du soldat qui, brisant ainsi les nœuds les plus chers, vole au champ d’honneur, il n’est pas moins grand chez la jeune fille qui lui montre ainsi, d’une main encore tremblante d’émotion, le chemin du devoir.

Cependant, la petite troupe commença à se réunir vers dix heures sur la Place-d’Armes. Une demi-heure après, tous étaient à leur poste, et M. d’Ailleboust vint les passer en revue avant de se mettre en marche. Presque toute la population s’était donné rendez-vous sur la place, afin d’assister au départ de ces hommes héroïques qui allaient se dévouer pour leurs compatriotes.

En premier lieu venaient les Canadiens. Tous étaient jeunes, à l’exception de notre