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le loup-cervier

Le chef agnier semblait prendre plaisir à la contemplation des ravages de la tempête. Sa poitrine se dilatait, et à chaque rafale de l’ouragan, il aspirait bruyamment comme s’il eût voulu appeler à lui la fureur des vents déchaînés. Après être resté quelque temps immobile, il fit un signe au Renard-Subtil, qui se leva comme lui.

— Que mon frère regarde, dit le Loup-Cervier, et il étendit la main dans la direction de la rivière Hudson. Que voit mon frère ? demanda-t-il après quelques instants de silence.

— Des lumières qui se perdent dans la nuit, répondit l’autre.

— Sont-elles nombreuses ?

— J’en compte autant qu’il y a de jours d’une nouvelle lune à la suivante.

— Mon frère a le regard de l’aigle, reprit le Loup-Cervier ; et il s’assit tout en allumant une quatrième pipe.

Quand il en eut épuisé le contenu, opération qui dura bien un bon quart d’heure, il en secoua les cendres encore chaudes et déposa son calumet près de lui sur sa peau de bison.