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CHAPITRE PREMIER
CHARLES ET ÉVA — LA RETRAITE

Six jours se sont écoulés depuis que nous avons laissé les Canadiens contemplant une dernière fois Schenectady en ruines. Nous les rencontrons, le quatorze février au soir, campés au même endroit où le Loup-Cervier était venu les reconnaître, et près du lieu où le Renard-Subtil avait succombé. Il est dix heures, il fait froid ; l’astre des nuits brille au ciel et fait étinceler, comme autant de diamants, les parcelles de neige qui crient sous les pas des sentinelles. L’ombre des astres, agrandie par l’effet de la lumière, tache seule la blancheur du manteau qui couvre la terre.

Tout est silencieux dans le camp. Le bruit des pas des sentinelles, qui marchent sans relâche dans les limites que leur donne la consigne, pour prévenir l’engourdissement de leurs membres, les hurlements lointains des loups dans les bois, le pétillement des feux autour desquels dorment les soldats fatigués, éveillent seuls les échos de la solitude.