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charles et éva

Harassés par la marche sur une neige molle et cédant continuellement sous leurs pas, épuisés par une nourriture insuffisante, les Canadiens dorment profondément autour des brasiers. Le sommeil diminue leurs souffrances, ils y trouvent un refuge temporaire contre la faim qui commence à les tourmenter.

Il y a cependant, à part les gardes, deux personnes qui veillent dans le camp. La première est une jeune fille. Enveloppée dans une peau de vison, à demi couchée sous une hutte de branchage, les pieds placés auprès du feu, elle n’a pas l’air de trop souffrir du froid. Tantôt son œil rêveur suit la marche silencieuse de la lune, tantôt il s’abaisse et s’attache sur un jeune homme assis à quelques pas d’elle sur le tronc d’un arbre renversé.

Celui-ci, qui se sent bien l’objet de l’attention de la jeune personne, feint cependant de ne point s’en apercevoir, et ses regards sont rivés sur la route azurée avec une ténacité qui laisserait presque croire que les étoiles qui y brillent sont les premières qu’il contemple.

Bien peu de mots avaient été échangés