Page:Marmette - Heroisme et Trahison - 1880.djvu/132

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nait pour le jeter encore en des gouffres nouveaux.

Parfois lancé sur les parois de roches, il s’y serait brisé comme un verre si le bois protecteur n’eût amorti le coup.

Asphyxié, brisé, meurtri, en trois minutes, il n’était plus qu’à quelques arpents de la cataracte dont la clameur immense traversa son agonie comme le glas de l’éternité, que les anges de Dieu sonneront aux funérailles du monde.

La masse des eaux devenant moins tourmentée un peu avant la chute, il ramassa les quelques forces qui lui restaient et cria.

Trois fois ce suprême appel roula lugubre dans la nuit.

Puis le malheureux sentit la force des courants s’accroître avec une effrayante intensité. Aspiré par l’épouvantable succion de l’abîme, il se sentit balayé comme le grain de sable par le simoun, et tomba.

Quelques canadiens qui guettaient, cachés dans les broussailles de la rive