Page:Marmette - Heroisme et Trahison - 1880.djvu/140

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— Permettez, mon cher, interrompit Bigot qui prenait plaisir à l’aire peser de tout son poids sur ses complices l’ascendant que son génie lui donnait sur eux tous. Vous n’étiez rien quand je vous ai connu. Votre famille était pauvre et vous vous trouviez sans ressources comme sans protection. Je vous accordai la mienne, un peu par reconnaissance d’un petit service que votre père m’avait autrefois rendu[1], et beaucoup à cause de l’amitié que vous aviez su m’inspirer de prime abord. Avant mon voyage en France, en 1754, je sollicitai de l’emploi pour vous, et de simple capitaine de marine que étiez, vous devîntes aussitôt commandant du fort de Beauséjour.

À ce nom qui réveillait chez Vergor tant de souvenirs honteux et pénibles, Bigot vit passer un nuage sur le front bas de l’ancien commandant de Beauséjour. Mais il fut impitoyable et continua :

  1. Le fait est que, Lorsque Bigot était commissaire à Louisbourg, le père de Vergor avait chaleureusement défendu le futur intendant, inquiété dès lors à cause des premières exactions qu’il avait commises.