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Page:Marmette - Heroisme et Trahison - 1880.djvu/141

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— Vous ne fûtes pas longtemps sans profiter du bon avis que je vous donnais dans ma lettre du 20 août 1754.[1] Il était d’usage de donner au commandant un profit de quelques francs sur chaque corde de bois. L’occasion était bonne. Après avoir prétendu que le bois de chauffage acheté par votre prédécesseur, M. de la Martinière — un honnête homme celui-là, entre nous — était pourri, vous réussites à en faire dresser un procès-verbal. Il fallut bien en acheter d’autre et vous réalisâtes, par ce moyen, de fort beaux profits. C’était assez bien débuter, n’est-ce pas ?

Vergor ne répondit pas, mais son œil terne jeta autour de lui un regard inquisiteur, comme pour voir si personne n’était aux écoutes.

— Ne craignez rien, continua Bigot qui

  1. Bien que citée par tous nos historiens, cette lettre mérite de prendre place en ce récit : « Profitez, mon cher Vergor, de votre place, lui écrivait Bigot ; taillez, rognez, vous en avez tout le pouvoir, afin que vous puissiez bientôt venir me joindre en France et acheter un bien à portée de moi. »