Page:Marmette - Heroisme et Trahison - 1880.djvu/208

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gesses qui jusqu’alors avoient toujours poussé « les cris effroyables qui nous empêchoient de nous entendre, demandèrent aussi la vie. Nous voyant les maîtres, nous crûmes qu’il étoit plus glorieux de Laisser la vie à notre ennemi vaincu que de le faire mourir. Ainsi je sauvai la vie à mon mari, et mon fils âgé de douze ans sauva la vie à sa mère. Cette action fut aux oreilles de M. de Vaudreuil, il voulut s’informer du fait par lui-même, il vint exprès sur lieux, il vit la porte cassée, il parla au François témoin de l’action et sut dans la suite des sauvages mêmes la vérité de ce que je viens d’exposer.

Voilà la narration simple et juste de mon aventure, qui m’a déjà procuré des grâces de Sa Majesté et que je n’aurois pas pris la liberté de rédiger par écrit si M. le Marquis de Beauharnois, notre illustre gouverneur, qui n’a point d’autre attention que de mettre notre colonie à couvert de L’irruption des Barbares, et d’y faire fleurir la gloire du nom françois en rendant redoutable le nom de notre invincible monarque à tous ses ennemis et respectable à tous ses sujets, ne m’avoit engagée à l’aire ce détail, sagesse ne se contente pas de contenir toutes les nations sauvages dont nous sommes environnées dans le respect et dans la crainte, et de tenir éloignés à quatre ou cinq cents lieues Les ennemis de l’État. Son infatigable application aux affaires les plus sérieuses n’étant interrompue que par l’attention qu’il donne à ce qu’il s’est passe de plus considérable depuis L’établissement de cette colonie. Il le fait valoir avec cette bonté et cet air noble et grand qui lui sont si naturels. Il le propose pour exemple, afin d’animer de plus en plus les sujets du Roi à se distinguer par des actions éclatantes lorsque l’occasion s’en présentera.